La crise sanitaire bouleverse la saison estivale et les pratiques de vacances des Français. Est-ce que les changements observés cette année annoncent des mutations durables ou ne sont qu’une parenthèse pendant l’épidémie ?

Les vacances bleu blanc rouge

Les Français ont eu besoin de partir, de se ressourcer. Ce ne sont donc pas les « poids lourds » qui ont fait le plein cette saison, mais plutôt des destinations de proximité, un peu oubliées ou à la campagne – à l’exception de la Bretagne, qui a connu une fréquentation très dynamique. Cela s’explique d’abord par l’absence des clientèles étrangères : ce sont les destinations les moins dépendantes des marchés lointains ou européens qui ont le mieux amorti le choc : la Bretagne donc, mais aussi le Bassin d’Arcachon, des destinations de proximité comme l’Orléanais…

Pourtant, la faible fréquentation britannique – qui va encore s’amoindrir avec les mesures de quarantaine décidée la semaine dernière – aurait pu impacter fortement le tourisme vert, les Anglais étant friands de ces destinations rurales, un peu à l’écart, les territoires de la « diagonale du vide ». Mais cette année, avec les resttrictions effectives et les inquiétudes sur les voyages à l’étranger, les Français sont restés dans l’Hexagone et ont privilégié ce type de destination, ils ont en quelque sorte « pris le relais » des Britanniques. L’enjeu est désormais, pour ces destinations, de conquérir et fidéliser ces nouveaux touristes français, en proposant des produits de qualité et authentiques.

Un autre tourisme…vraiment ?

En effet, on a pu observer une demande forte pour un « autre tourisme » : un tourisme de proximité, de patrimoine, de nature… Des destinations vertes, oui, mais actives ! Les Français ont privilégié les territoires avec des activités de plein air, des savoir-faire ou des terroirs à découvrir, des petits sites confidentiels, à l’image du Pays basque intérieur par exemple. L’été 2020 aura permis de rappeler que la qualité des vacances n’est pas proportionnelle au nombre de km parcourus en avion. Autre tendance forte : les vacances familiales : les résidences secondaires, les maisons familiales ont été davantage utilisées cet été, avec une réduction en conséquence des locations entre particuliers.

Les congés d’été 2020 sont donc des vacances « parenthèse », où les Français ont cherché à « profiter » avant les difficultés économiques et sanitaires qui se profilent à la rentrée. On remarque ainsi une tendance à la hausse de la consommation sur place, même si les intentions avant le départ s’orientaient plutôt sur les restrictions de budget. Au contraire, une fois sur place, les vacanciers ont davantage pratiqué des activités de loisirs, sont davantage allés au restaurant, ont davantage dépensé pour se faire plaisir.

C’est une bonne nouvelle, pour le moral des Français mais surtout pour l’économie, explique Didier Arino.  N’oublions qu’on aurait pu perdre 500 000 emplois. Ce dynamisme va permettre de sauver des entreprises.