Des hivers de plus en plus doux, des étés de plus en chauds… cette douceur exceptionnelle est-elle une bonne ou une mauvaise nouvelle pour le tourisme ? Ce qui est certain c’est que le tourisme est en plein dérèglement, en même temps que le climat….

BFM Story – Interview de Didier ARINO du 30 décembre 2022

C’est une bonne nouvelle pour les destinations du littoral méditerranéen qui ont fait le plein en réservations de dernière minute. C’est une moins bonne nouvelle pour les stations de montagne de moyenne altitude qui manquent de neige. Le tourisme est fortement dépendant de la météorologie. Les Français avaient très envie de partir en vacances en cette fin d’année avec les fêtes de Noël et du 1er de l’an avec des taux de départ record, à la fois vers nos destinations françaises mais aussi vers des destinations étrangères. Pour les personnes qui ont pu changer de plan au dernier moment, certaines ont annulé leur hébergement en moyenne montagne à cause du faible enneigement pour se diriger vers des destinations balnéaires. Il y a malheureusement toujours des perdants et des gagnants. Mais globalement, le secteur du tourisme se porte plutôt bien depuis de nombreux mois.

Selon le météorologue Patrick Marlière, le processus du règlement climatique est en marche : « il faut s’habituer à avoir des hivers de plus en plus doux et des étés de plus en plus chauds ». Les habitudes de consommation changent-elles en fonction de cette nouvelle donne ? Autrement dit, les vacanciers vont-ils de plus en plus à la mer l’hiver et à la montagne l’été ? Le tourisme étant météo dépendant, il est certain que s’il n’ y a pas de vague, il n’y a pas de surf ; s’il n’y a pas de vent, il n’y a pas de planche à voile ; s’il n’y a pas de neige, il n’y a pas de ski alpin. Cela suppose que les destinations touristiques varient les plaisirs en proposant de la multi-activités, ce que certaines stations de montagne font déjà. Lorsque la neige n’est pas garantie, notamment dans les stations de moins de 1800m, il faudra procéder autrement et faire cette transition vers la multi-activités. Rappelons que la 1ère activité pratiquée en montagne est la randonnée avec la recherche de grands espaces naturels. Cela suppose de développer des activités (autres que le ski) qu’on a d’ailleurs découvertes pendant la période de Covid où il n’y avait pas de remontées mécaniques. Mais cela ne compensera jamais la perte de CA générée par la fermeture (ou moindre ouverture) des remontées mécaniques puisque l’activité ski génère 82% du CA de la saison d’hiver. L’activité générée par l’économie du ski est essentielle pour les territoires, des stations aux vallées. Un simple village de vacances comme le Club Med par exemple génère 600 emplois à l’année sur son bassin de vie.

Face à ce dérèglement climatique, les Français s’adaptent. Il faut que les professionnels du  tourisme s’adaptent également en envisageant un développement touristique plus responsable et à l’année, car le tourisme se dérègle en même temps que le climat. La transition est en route….