De plus en plus de villes et de destinations à l’étranger mettent en place des taxes pour limiter la fréquentation touristique à certaines périodes de l’année : Venise, la Nouvelle-Zélande, la Thaïlande, le Bhoutan, le Machu Picchu au Pérou…. Une tendance de fond ?

« On n’est pas à l’abri de faire une bonne émission » de Willy Rovelli

On a beaucoup parlé cet été de taxes, de quotas, de jauges pour juguler la fréquentation touristique sur certains sites naturels ou historiques mais ce n’est pas nouveau. Il est vrai qu’avec la crise sanitaire, le tourisme international était en berne en 2020 et 2021, limitant de fait ces phénomènes d’hyperfréquentation. On a retrouvé cet été les mêmes niveaux de fréquentation qu’en 2019 avec toujours les mêmes problématiques : comment gérer ces pics d’hyperfréquentation ?

Les villes étrangères qui ont mis en place ces taxes touristiques l’ont fait pour des raisons à la fois écologiques et économiques :

  • Pour des raisons économiques. De nombreuses études montrent la corrélation entre le degré de satisfaction et le niveau de fréquentation d’un site : plus le site est bondé, moins l’expérience client est positive. Plus que jamais se pose la question de la capacité d’accueil de ces sites hyperfréquentés. Il est donc essentiel pour des raisons économiques de gérer ces seuils d’acceptabilité si on veut préserver le niveau de fréquentation à moyen et long terme.
  • Pour les générations futures. Qu’il s’agisse de préserver la biodiversité sur des sites naturels sensibles ou le patrimoine de certains sites culturels, il est primordial de préserver ces sites fragiles. Ne pas les protéger revient à scier la branche de l’arbre sur laquelle on est assis car c’est justement pour leur caractère exceptionnel que les touristes viennent.

Quelques exemples :

  • Venise qui va instaurer une taxe à partir de 2023 pour les touristes qui viennent à la journée. Les excursionnistes devront s’affranchir d’une taxe de 3 à 10€ pour pouvoir entrer dans Venise qui accueille près de 30 millions de visiteurs chaque année quand le centre historique compte seulement 50 000 habitants ! L’idée est de pouvoir limiter le nombre de visiteurs à la journée de 40 à 50 000 personnes maximum par jour à certaines périodes de l’année, avec obligation de réserver en amont. Ce qui est possible à Venise ne l’est pas forcément sur des sites naturels sauvages où il serait beaucoup plus compliqué d’installer des tourniquets comme sur les ponts vénitiens à l’entrée de la Lagune par exemple.
  • Le royaume bouddhiste du Bhoutan va passer sa taxe « développement durable » de 63€ à 196€ par nuitée à compter du 23 septembre prochain, en plus du forfait journalier de 240€ (incluant l’hébergement, le repas et le guide assermenté)
  • Bali également a instauré une taxe verte de 10€
  • Pour faire face à la hausse des prix de l’énergie, le gouvernement d’Écosse propose la mise en place d’une taxe de séjour. Le gouvernement écossais a l’intention d’introduire un projet de loi donnant aux conseils les pouvoirs de mettre en œuvre une taxe sur les visiteurs. Le projet de loi devrait être présenté au Parlement début 2023. La taxe pourrait rapporter environ 15 millions de livres sterling par an, selon les estimations. Cette somme pourrait être utilisée pour investir dans le tourisme durable ainsi que pour gérer l’impact du tourisme sur la ville. La métropole écossaise pourrait devenir la première ville du Royaume-Uni à introduire une telle taxe.
  • La Nouvelle-Zélande est le 1er pays à avoir instauré en 2019 une taxe écologique à destination des visiteurs étrangers : « the International Visitor Conservation » (IVL). 35€ pour venir visiter le pays afin de financer des projets pour une croissance touristique, productive et inclusive, qui protègent l’environnement. 10 projets, d’acteurs publics et privés, ont ainsi été financés par cette nouvelle taxe en 2020.

En France, il existe déjà la taxe de séjour donc il semble compliqué de rajouter une taxe supplémentaire ; d’autant plus que le principe de droit aux vacances pour tous, de libre accès à la plage, aux espaces naturels, à la culture est un droit fondamental.

Les dernières expérimentations en France dans le domaine de gestion de l’hyperfréquentation portent plutôt sur la mise en place de jauges ou de quotas plutôt que de taxes supplémentaires : la Corse, l’ile de Porquerolles, Etretat… sont les derniers exemples en date.

Plus les touristes séjournent longtemps, plus ils contribuent à l’économie locale via la taxe de séjour et les dépenses sur place (restauration, commerces, transports, loisirs….).

L’enjeu est d’aménager et de sensibiliser pour que les touristes n’aillent pas toujours au même endroit à la même heure. C’est une question de gestion des flux et non de surfréquentation, Virginie Gendrot – Consultante Protourisme.