15 .07.2025
Retrouvez ci-dessous un passage de l’émission C dans l’air du 12 juillet, consacrée au surtourisme, avec l’intervention de Didier Arino, directeur général de Protourisme.
Tourisme : La France championne… en apparence

Avec 100 millions d’arrivées touristiques enregistrées en 2023, la France affiche un record mondial.
Mais cette statistique masque une réalité moins glorieuse : la France ne figure qu’au 4e rang mondial en matière de retombées économiques, loin derrière les États-Unis, l’Espagne ou même le Royaume-Uni.
Pourquoi ce paradoxe ? Parce que la France est trop souvent un pays de passage.
Les visiteurs restent en moyenne 3 nuits, dépensent peu et découvrent rarement autre chose que les grandes métropoles ou les spots déjà saturés.
Le vrai sujet : la valeur plus que le volume
Didier Arino le rappelle :
Ce ne sont pas 100 millions de touristes, mais 100 millions d’arrivées.
Une même personne peut être comptabilisée plusieurs fois
Le vrai défi n’est donc pas d’attirer toujours plus de visiteurs, mais de :
- Maximiser les retombées économiques,
- Développer un tourisme plus vertueux et mieux réparti,
- Réconcilier attractivité touristique et qualité de vie locale.
Surtourisme ou sous-tourisme ?
Certains sites emblématiques (Étretat, Mont-Saint-Michel, Île de Ré…) subissent une pression croissante : pollution, embouteillages, pénurie d’eau, disparition des commerces de proximité, tensions sociales…
Mais à l’inverse, de vastes pans du territoire français sont désertés.
Le sous-tourisme est tout aussi préoccupant que le surtourisme, et appelle à davantage de créativité, d’aménagement, et de promotion des territoires « hors des sentiers battus ».
Le changement climatique rebat les cartes
Canicules dans le sud, recul du trait de côte, manque d’eau, enneigement incertain… Le climat pousse à repenser nos pratiques touristiques :
- Étaler la fréquentation sur l’année,
- Réinventer la montagne en été,
- Valoriser les territoires plus tempérés ou en altitude.
La gestion durable des flux devient indispensable, à l’image des quotas mis en place dans les calanques ou à la dune du Pilat.
Quels investissements pour quel tourisme ?
La France manque d’une stratégie nationale à long terme.
Alors que le tourisme représente un poids économique majeur (équivalent à l’agriculture), le secteur pâtit d’un manque de vision, de moyens et d’anticipation.
Faut-il davantage miser sur le tourisme culturel, sur le haut de gamme, ou sur des filières thématiques comme l’œnotourisme ou le plein air ?
Faut-il mieux former les professionnels, repenser les infrastructures, réinvestir dans les territoires ?
La question n’est pas tant de limiter le tourisme que de mieux l’orienter, pour qu’il bénéficie réellement aux territoires, à l’environnement et à la population locale.