Avec le dernier pont du printemps ce week-end, le mot de surtourisme est sur toutes les lèvres mais faut-il limiter l’accès aux sites touristiques pour autant ? Notre point de vue sur ce sujet complexe : un peu de surtourisme sur quelques jours de l’année, ce n’est pas un problème. En revanche, quand cela atteint les milieux, cette fréquentation devient alors problématique.

BFM Story du 26 mai 2023 – Interview Didier ARINO

La récente campagne « Stay away » de la ville d’Amsterdam mais aussi Barcelone, Venise…. La tendance est à l’exaspération des habitants avec un risque environnemental et social avéré (cf prix de l’immobilier).

Il existe plusieurs moyens de réguler cette fréquentation touristique selon Christophe Barbier : à Venise par exemple, la municipalité a interdit la location sur Air BnB de tous les logements qui n’étaient pas équipés d’une fosse sceptique, cad capables d’éliminer leurs propres déchets. C’était une mesure environnementale certes mais cela a permis également de sélectionner les logements et d’en limiter la location saisonnière. Dans d’autres villes, des quotas ont été mis en place ; le visiteur doit alors s’inscrire à l’avance avec l’impossibilité de réserver si on a atteint un taux de remplissage trop élevé. Certaines villes envisagent de mettre des guichets avec l’achat de billets pour pouvoir entrer. La Cité devient alors parc d’attraction ; elle n’’est plus une cité accueillante. Une bonne partie de la solution est dans l’éducation des visiteurs. « Vous voulez venir chez nous, il y a des règles à respecter : vous partez avec vos déchets comme c’est le cas dans certaines stations de montagne ; vous participez à l’économie locale ». Certaines destinations taxent les visiteurs qui ne dorment pas au moins une nuit sur place ; c’est le cas des touristes qui débarquent de bateaux de croisière ou de bus et qui dépensent très peu sur place alors qu’ils ont utilisé la voirie, les toilettes, usé le bien collectif…. Ils ont coûté aux contribuables locaux et ils repartent sans aucun bénéfice pour les territoires. Face à ces tendances, il existe de nombreuses solutions.

Le pire serait de développer l’égoïsme des habitants : « on a une belle ville, on veut rester tranquille ». Non, il faut rester dans une disposition d’hospitalité, Christophe BARBIER, éditorialiste BFM.

Pourquoi parle-t-on plus aujourd’hui de surtourisme qu’avant ? Comment se fait-il que certains sites soient complètement saturés ?

Selon Didier ARINO, Directeur général de Protourisme, on en parle à bon escient mais aussi de façon inadaptée. 99% de notre territoire national souffre plutôt de sous-tourisme que de sur tourisme. D’ailleurs, les exemples donnés sont bien souvent des exemples à l’étranger. On parle d’Amsterdam, de Barcelone, de certaines îles d’Asie qui ont du être fermer aux touristes. En France, des mesures ont été prises pour limiter les flux comme on a pu le voir à Porquerolles ou dans les calanques de Marseille. On doit aussi évaluer l’impact de la fréquentation touristique sur les milieux. Il n’existe alors que 3 solutions :

  • Soit on interdit quand les milieux sont fragilisés
  • Soit on limite comme à Porquerolles ou dans les calanques de Marseille
  • Soit on régule

Au-delà du flux touristique dans les zones touristiques, l’enjeu est de développer un tourisme beaucoup plus vertueux. Dans ce domaine, la France est en retard. Quelques-uns se sont mobilisés mais c’est peu au regard d’autres destinations étrangères comme l’Espagne par exemple : la chaîne espagnole Iberostar par exemple a ainsi diminué de 10% ses émissions de CO2, utilise zéro plastique et favorise le recours aux producteurs locaux… Certains opérateurs français le font comme le Club Med par exemple, mais au global, c’est encore trop peu.

Qu’il y ait eu un pic de fréquentation touristique pendant les week-ends de l’Ascension et de la Pentecôte, voire de la surfréquentation sur certains sites, c’est normal. Avec le 8 août, ce sont les week-ends les plus forts de l’année. C’est donc tout à fait logique. En revanche, il ne faut pas que cela s’inscrive dans le temps, que cela ait un impact sur les milieux ou que les populations locales ne puissent plus vivre correctement sur leur lieu d’habitation.

Il faut user de tout avec modération, y compris de la modération, Didier ARINO, DG Protourisme.

Un peu de surtourisme sur quelques jours de l’année, ce n’est pas un problème. En revanche, quand cela atteint les milieux, cette fréquentation devient alors problématique.

L’enjeu majeur pour notre pays est celui de la biodiversité : nous avons perdu 30% de notre biodiversité en 25 ans. Les acteurs doivent se mobiliser.

Pourquoi les voyageurs vont-ils toujours sur les mêmes sites ?

Selon Jean-Pierre MAS, Président des entreprises du voyage, ce phénomène est du à une triple responsabilité : celle des voyageurs, des élus locaux (mise en valeur des territoires) et des professionnels. L’objectif est d’inciter à « faire le pas de côté ». Quel plaisir quand on visite un lieu que les autres ne connaissent pas ! On peut citer comme pépites, la côte nord de la Bretagne avec le sentier des douaniers, inégalement chargé ou encore les Pyrénées.