Mi décembre, les domaines skiables commencent à se remplir. Mais il y a la crise énergétique, la baisse du pouvoir d’achat, l’inflation, la prise de conscience écologique des Français… A quelle saison d’hiver faut-il s’attendre ?

Interview de Didier Arino sur la Matinale de France info TV du 11 décembre 2022

Paradoxalement, il faut s’attendre à une saison record en termes de chiffres d’affaires pour les acteurs du tourisme français. Il y a en effet la crise énergétique, les problèmes de pouvoir d’achat, la guerre en Ukraine, mais c’est précisément parce que certains Français sont stressés qu’ils font du tourisme et des loisirs une priorité dans leurs arbitrages de consommation. Depuis juin 2021, nous enregistrons une progression constante des départs en vacances et du budget attaché. Pour cet hiver, les arbitrages se font plutôt en faveur du tourisme et des loisirs avec un très bon taux de réservation pour les vacances de Noël et de février.

L’autre bonne nouvelle est le retour des clientèles étrangères, européennes et internationales. Si individuellement, les Français se disent inquiets par rapport au pouvoir d’achat, ils ont clairement envie de se retrouver, de se faire plaisir. Les réservations sont à la hausse, qu’il s’agisse des destinations montagne ou soleil, comme les Antilles qui enregistrent des chiffres de record malgré une augmentation de tarif des billets d’avion de plus de 25% (+30% pour la Réunion).

Le secteur, qui a subi une crise sans précédent avec la pandémie (perte de 130 milliards de CA), se porte plutôt bien, à l’exception des problèmes de recrutement.

Avec l’augmentation des tarifs, la démocratisation des loisirs et des vacances qu’on observe depuis plusieurs dizaines d’années est-elle en train de faire marche arrière ? les sports d’hiver sont-ils devenus un loisir de riche ? L’augmentation des prix est inévitable en raison de l’augmentation du coût de la production, des prix des carburants. Pour les compagnies aériennes, elles profitent de cette fenêtre de demandes importantes pour augmenter de manière disproportionnée les prix afin de compenser les pertes de la période pandémique. On arrive pourtant à trouver des billets à des tarifs attractifs sur certaines destinations ; la recherche des bons plans est alors de mise, permettant d’obtenir un bon rapport qualité prix.

La location de studios, de meublés de tourisme entre particuliers dans les stations de ski, sont une manne financière importante pour les propriétaires. La loi relative aux passoires thermiques remet en cause cette rentabilité. Selon l’Ademe, 17% des logements en France sont considérés comme des passoires thermiques ; ce taux monte à 50% dans les stations de sports d’hiver. Un logement sur 2 est en F ou en G. Cette loi représente une formidable opportunité de remédier à des situations souvent scandaleuses de location de meublés de tourisme entre particuliers mal isolés à des prix prohibitifs, peu génératrice d’emplois. Ces mesures favoriseront les professionnels du tourisme à condition de les aider dans cette transition écologique. A titre d’exemple : le dernier Club Med qui vient d’ouvrir à Tignes a par exemple diminué de 50% sa consommation énergétique. Si certains Français acceptent de payer un peu plus cher pour leur vacances, en face ils veulent des services. Il est primordial de proposer une offre de qualité et diversifiée à l’instar d’autres pays comme l’Autriche. Il est fondamental d’avoir des stations de ski qui fonctionnent l’hiver et l’été.

Le respect du parcours client, la montée en qualité, la multiplication des services conditionnent l’attractivité future de la destination France, génératrice d’emplois, Didier ARINO, Directeur général de Protourisme.

En termes de valeur, un établissement comme le Club Med à Tignes emploie 600 personnes en ETP à l’année, hiver comme été. Le but de l’activité touristique est de permettre aux gens de continuer « d’habiter au pays », de vivre dans nos montagnes ou les destinations balnéaires.

La contrepartie de l’impact du tourisme sur l’environnement est de créer de l’emploi, de permettre un développement durable des territoires. Réussir sa transition énergétique et écologique sera le salut du tourisme si on ne veut pas que ce secteur soit mis à l’index dans les années à venir, Didier ARINO, Directeur général de Protourisme.