Dans cette émission C dans l’Air du 23 juillet, les intervenants s’interrogent sur les conséquences de ces catastrophes pour la population locale et l’économie des territoires touchés, dont le secteur du tourisme. Dans le contexte post-covid et alors que les professionnels bénéficiaient d’une reprise très forte pendant la saison estivale, quels sont les enjeux à court et long terme ? Les changements climatiques vont-ils entraîner un changement dans les habitudes touristiques ?

Invités :

  • Frédéric Denhez, journaliste spécialiste des questions environnementales
  • Didier Arino, directeur général du cabinet d’études Protourisme
  • Josette Sicsic, rédactrice en chef de Futuroscopie, espace de veille sociologique et prospective dédié au tourisme
  • Émilie Torgemen, journaliste en charge des questions environnement et société au journal Le Parisien – Aujourd’hui en France
  • Jean Viard, sociologue

L’incendie au pied de la Dune du Pilat est une catastrophe pour les professionnels alors que la saison avait déjà commencé : 5 campings ont été détruits, les hébergeurs connaissent des annulations en cascade… L’activité a chuté de -40% en 1 semaine, dans les hébergements mais aussi les restaurants, les activités de loisirs. La question des emplois se pose également : comment maintenir les effectifs prévus pour le pic d’activité estival alors que l’activité s’est brutalement réduite ?

Plus généralement, on connaît aujourd’hui une rupture gigantesque : une grande pandémie, des « super feux », des canicules qui se répètent… Pourtant, les Français ont envie de partir, malgré ces aléas, avec des records de fréquentation qui étaient attendus pour cet été 2022. Si les territoires comme la Gironde qui ont subi ces incendies subissent des vagues d’annulation immédiates, il n’est pas certain que ces catastrophes fassent évoluer durablement les destinations privilégiées par les touristes. Mais cette rupture est l’occasion de s’interroger sur les stratégies à mettre en place pour « sauver le tourisme ».

Ainsi, le modèle du camping interroge : la tente ou le mobil home ne sont pas adaptés aux températures caniculaires, les terrains sont souvent implantés en pleine nature, en forêt, près des cours d’eau ou du littoral, qui peuvent connaître des incendies, des tempêtes, des inondations… Le concept du camping avec des rangées de mobil homes possédant chacun leur bouteille de gaz est dépassée. On sent une volonté de développer un tourisme plus vertueux, de pleine nature, étalé sur l’année… C’est l’ambition portée par le Bassin d’Arcachon déjà depuis près d’un an.

Ces mutations sont l’occasion d’une expérience de développement vertueux, mais à plusieurs conditions : ne pas préserver à l’excès, en mettant des sites « sous cloche » et en les privant de toute activité humaine, mais sans reconstruire à l’identique, en innovant et en impliquant toutes les parties prenantes.