Le facteur météo avec la canicule ne suffit pas à expliquer ce basculement. Invité de l’émission C dans l’Air, Didier Arino analyse ce changement de paradigme, ses conséquences et ses implications pour le tourisme hexagonal.

On observe cet été un engouement pour les destinations de l’ouest, Bretagne, Normandie, Côte d’Opale, avec +3 à +6% de fréquentation par rapport à juillet 2018 ; même constat sur la montagne et les zones de lacs, avec une croissance de +4 en moyenne. Les destinations « fraîches » ont séduit les vacanciers qui réservent à la dernière minute, alors que la Méditerranée et la Corse sont en retard, de -2% à -8%. Pourtant, la canicule n’est pas la seule explication : le pays basque, où il a fait très chaud, enregistre également de très bonnes performances.

Un rejet du tourisme de masse ?

On assiste plutôt à un changement de paradigme : cette année, les réservations des Français vers la France ont progressé, après plusieurs années de croissance vers les destinations étrangères ; et ces Français, aisés le plus souvent, qui avaient choisi un séjour à l’étranger l’an dernier, se sont portés cette année vers la façade atlantique française. « Bretagne », « Normandie », « Pyrénées », « Pays Basque » : autant de noms évocateurs, à qui on associe des images de bien vivre, de ressourcement, d’activités sportives, d’authenticité… aux antipodes du tourisme de masse.

Dans le dernier Observatoire Protourisme, plus d’1/4 des vacanciers se disent prêts à « changer » leurs pratiques pour préserver l’environnement. Cela se traduit différemment selon l’âge : les moins de 35 ans sont plus sensibles au problème du transport, et 200 000 Français ont indiqué avoir renoncé à prendre l’avion entre avril et juin 2019 et choisi une autre destination ; les seniors attachent plus d’importance au choix de leur prestataire d’hébergement ou d’activité.

« Nous sommes à un moment de bascule, déclare Didier Arino, et les années qui viennent vont être déterminantes. »

Un besoin de renouvellement

La France dispose en effet d’une carte à jouer, face à des pays « émergents » dans le tourisme qui privilégient les attractions hors sol : le patrimoine, le terroir sont à valoriser mais ils existent déjà dans notre pays avec un nombre important de sites de qualité et à fort potentiel.

Pour autant, on remarque parfois que c’est l’offre, vieillissante, qui peine à s’adapter à la demande. Cette envie de proximité et de « local » va de paire avec une exigence de qualité, de personnalisation, voire de thématisation que certains sites, hébergeurs ou restaurateurs peinent à satisfaire. Il est donc essentiel pour les professionnels de prendre conscience de ces évolutions profondes, de les intégrer dans une stratégie à long terme et de prévoir les investissements pour répondre à ces nouveaux besoins.