Les polémiques sur la surfréquentation des lieux touristiques se multiplient à travers l’Europe. Qu’en est-il en France ? Notre pays est-il prêt à accueillir 100 millions de touristes ?

La France, première destination mondiale… vraiment ?

Dans les années 60, la France a mené une politique touristique ambitieuse, qui en a fait une destination touristique de premier plan : l’aménagement du littoral languedocien, les stations de montagne… Pourtant, depuis, l’Etat n’a pas su construire de stratégie d’envergure pour améliorer ou développer l’offre, se concentrant sur des stratégies de communication et de promotion de la destination. La France perd donc des parts de marché par rapport à ses voisins : la fréquentation étrangère progresse, mais à un rythme plus lent que chez les pays concurrents.

D’ailleurs, le chiffre de 89 millions de touristes étrangers annuels, qui assoit la place de la France comme première destintion mondiale, est loin de refléter la situation réelle : on comptabilise en effet, non pas des touristes, des personnes physiques, mais des arrivées. Ainsi, un même touriste réalisant plusieurs séjours sur le territoire est compté à chaque séjour. Avec cette méthode, on compterait autant de touristes belges en France qu’il n’y a d’habitants en Belgique ! 

Autre indicateur : les recettes du tourisme français sont  3,5 à 4 fois inférieures à celles des voyageurs étrangers aux Etats-Unis.

En prenant la question à l’envers, observons aussi les flux qui partent de la France vers l’étranger. L’année 2018 a connu un record avec 16,5 millions de Français en séjour à l’étranger. Conquérir des clientèles étrangères importe autant que de conserver la clientèle française sur le territoire pour le bien de l’économie touristique.

Le tourisme comme outil de développement local

Depuis quelques années, ce sont donc les collectivités locales, conscientes de l’effet de levier que représente le tourisme, qui prennent le relais de l’Etat et s’engagent dans des stratégies touristiques pour développer leur territoire. Ainsi la ville de Bordeaux a porté un vaste projet d’aménagement urbain et de développement touristique, et a vu ses retombées économiques liées au tourisme multipliées par 3 au cours des dernières années.

Autre exemple, celui de la Vienne : les élus ont mené une politique volontariste de développement de l’offre: le Futuroscope, mais aussi plus récemment l’implantation d’un Center Parcs. Cette stratégie a su construire une offre cohérente et complémentaire, générant de la consommation touristique et des emplois locaux. Rappelons que la filière touristique est une filière dynamique, qui est à l’origine de 44% des emplois du secteur privé créés entre 2010 et 2015. Le Département de la  Vienne, au départ peu touristique a su mener à bien un projet novateur autour du Futuroscope, puis du Center Parcs qui rejaillit maintenant sur le département avec des retombées s’élevant à plus de 100 millions d’euros.

Plutôt un manque de touristes dans 80% de l’Hexagone

Des villes comme Paris connaissent en effet la surfréquentation, mais les sites travaillent sur une meilleure gestion des flux. Le Château de Chambord par exemple a réussi à fluidifier l’accueil de ses visiteurs. À Bordeaux, la cité du Vin est un exemple réussi de l’implantation de sites d’envergure en province, qui permettent de diffuser les flux.

La question de la sur fréquentation est liée à celle de l’impact environnemental. Pour réduire cet impact, il faut diversifier les pratiques touristiques. La dépendance à une seule pratique peut nuire aux destinations. On le constate ainsi avec les paquebots de croisière, qui accostent dans de nombreuses villes et provoquent des dégâts considérables. La politique de taxation récemment annoncée par le gouvernement est une mesure à envisager, mais pas la seule : favoriser les investissements pour diminuer la consommation énergétique, promouvoir les hébergements écotouristiques ou le slow tourisme…

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