Atout France vient de publier ses derniers chiffres pour le tourisme en 2022 qui confirment que la crise du covid est bien derrière nous. La France enregistre des chiffres record en nombre de recettes grâce à un marché domestique dynamique et le retour des clientèles étrangères.

Interview de Didier ARINO sur Europe 1 matin le 01.03.23

1er indicateur clé du tourisme en France : des recettes records

Les recettes retrouvent les standards d’avant covid puisque la France a engrangé 58 milliards en 2022 grâce au tourisme étranger. C’est plus qu’en 2019 malgré une baisse des nuitées de l’ordre de 15% pour la clientèle étrangère. Au global, on note une baisse de 4%. Mais malgré cela, du fait de l’augmentation importante des prix et du volume de dépenses des étrangers, on retrouve des chiffres records. Ces chiffres vont s’accentuer en 2023 grâce à une ouverture plus large des frontières qui va permettre le retour massif des clientèles étrangères lointaines. Sur les chiffres 2022, c’est surtout la clientèle européenne qui est revenue en masse puisque les 3 premiers pays sont la Belgique, l’Allemagne et le Royaume-Uni, qui totalisent à eux seuls 1/3 des retombées économiques. Au-delà des clientèles européennes, on note également un retour important de la clientèle américaine, fortement dépensière, qui représente 10% des 58 milliards de recettes en 2022. C’est d’autant plus une bonne nouvelle que cette accélération continue en 2023 avec l’ouverture des frontières des pays asiatiques. Peu à peu, nous allons retrouver le volume des nuitées avant covid, cumulé à une augmentation importante des retombées économiques.

Effet trompe-l’œil des chiffres quand on raisonne en valeurs et non pas en nombre de visiteurs ?

Il y a en effet mécanique de l’inflation qui gonfle ces chiffres puisque la France coûte 15% plus cher qu’avant la crise sanitaire. On note également un effet « revanche » des touristes qui dépensent beaucoup plus qu’avant pour se faire plaisir. Il y a cependant un inconnu dans ces chiffres : les dépenses des Français à l’étranger qui sont reparties très fortement à la hausse. On parle beaucoup des clientèles américaines mais réciproquement, les Français sont partis en masse aux Etats-Unis en 2022. A titre d’exemple, dans les Parcs nationaux américains, en août dernier, ¼ de la clientèle étrangère était française ! En ce moment, New York cartonne.

Les chiffres restent très bons avec un solde de la balance des paiements qui semblerait positif. La France a été protégé par notre marché domestique ; c’est pour cela que nous avons mieux supporté la crise du Covid par rapport aux autres destinations qui sont très dépendantes des clientèles étrangères, comme l’Espagne qui reste la 1ère destination européenne en nombre de recettes (4,5 fois plus de recettes de la clientèle américaine en Espagne en 2022). Dire que la France est la 1ère destination touristique au monde est faux si on raisonne en recettes ; on figure à la 4ème place derrière les Etats-Unis, l’Espagne et la Chine.

Il y a une sorte de course à l’échalotte pour dépasser l’Espagne mais je ne pense pas que cela soit souhaitable car nous avons un bon équilibre entre un marché domestique dynamique qui part en vacances tout au long de l’année et la venue des clientèles étrangères. Le grand défi pour la France est de lisser cette fréquentation touristique avec une belle répartition sur le territoire national – Didier ARINO, PDG Protourisme.

Des chiffres 2023 aussi bons qu’en 2022 ?

Trop de tourisme tue le tourisme… une concentration trop forte dans le temps et dans l’espace est néfaste pour l’économie touristique. Un des effets positifs du covid est une reprise beaucoup plus harmonieuse du tourisme français et étranger mieux réparti sur l’hexagone. L’envie de voyager est plus que jamais prégnante en 2023. Notre récente étude de conjoncture montre des chiffres record pour les intentions de départ en vacances cet été. Cet hiver par exemple, les destinations de montagne ont enregistré des taux record (nombre de partants, taux d’occupation, nombre de nuitées…) même si les chiffres de remontées mécaniques ne sont pas aussi bons du fait du faible enneigement sur certains massifs. La grande envie de vacances n’a pas seulement impacté les destinations montagnes : les stations balnéaires et le tourisme urbain ont également très bien fonctionné lors de ces vacances de février.