Déjà 20 % de perte pour l’hôtellerie. Quels sont, plus largement, les premiers chiffres qui remontent du terrain sur l’impact de cette crise du coronavirus sur le tourisme en général ?

Il y a eu plusieurs séquences. La première, c’était l’absence de clientèles asiatiques du fait des restrictions (à la fois les Chinois, les Coréens et les Japonais). L’impact était d’environ un milliard d’euros sur le territoire national. Cela a surtout eu des conséquences sur l’hôtellerie francilienne.

Le problème est que maintenant, nous sommes rentrés dans une deuxième séquence, avec une diminution de toutes les clientèles. Rappelons tout de même que 80 % de la clientèle étrangère qui vient en France est une clientèle européenne ; or nous constatons l’annulation ou le report d’un certain nombre d’événements, notamment autour du tourisme d’affaires (salons, rencontres professionnelles, séminaires d’entreprises remplacés par des vidéoconférences, réticences des multinationales à faire partir à l’étranger leurs collaborateurs…).

Les enjeux sont colossaux et quand le tourisme va mal, il faut bien avoir conscience que c’est aussi l’ensemble de l’économie qui est impactée : c’est le révélateur. Nous sommes dans quelque chose d’assez irrationnel, entre le risque qui semble, malgré tout, limité, et l’impact constaté.

Nous sommes donc entrés dans un phénomène tout à fait dramatique pour le tourisme français et qui va bien au-delà de l’Ile-de-France. Comme le soulignait Bruno Le Maire, l’exemple de Lourdes (qui est le 2ème pôle hôtelier de France, très dépendant de clientèles étrangères et notamment de la clientèle italienne) est typique, nous constatons une chute considérable des nuitées. Chaque jour nous avons 5 points de taux d’occupation en moins pour l’hôtellerie en Ile-de-France avec des annulations en séries.

Pour ce qui est du comportement des Français à l’intérieur de nos frontières, le problème est là : nous avons une très forte diminution de la clientèle d’affaires et de la clientèle de loisirs qui décident de reporter ou d’annuler ses voyages, notamment en Bretagne car ils ont vu dans l’actualité qu’il y avait un problème dans le Morbihan. Nous constatons donc un effet en chaîne qui commence à être fortement impactant pour le tourisme national. On est d’ores et déjà à environ 5 milliards de perte par rapport à l’an passé et il ne faudrait pas qu’il y ait une accélération du phénomène.