Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du voyage, et Didier Arino, directeur du cabinet Protourisme, sont les invités du Téléphone sonne, sur France Inter. Ils analysent les perspectives pour l’été et expliquent comment les professionnels du tourisme s’organisent pour faire face à une nouvelle saison en temps de COVID.

Les vacances à l’étranger : c’est possible ?

Les levées des restrictions dans certains pays, comme la Grèce ou le Portugal, provoquent un essor des réservations. On observe un décalage entre ceux qui ont envie de partir à l’étranger : 30% des partants, et ceux qui pensent vraiment pouvoir le faire : 12%. Il existe un imbroglio incroyable sur les règles, les restrictions et les conditions selon les pays. Les Français ont du mal à se projeter, ils sont pragmatiques : ils attendent les opportunités de dernière minute, et beaucoup pensent se replier sur la France.

Comment les professionnels français envisagent-ils la saison ?

Ils sont rassurés sur l’état des réservations dès aujourd’hui. L’année dernière à la même période, ils étaient très inquiets : certains hôteliers, début juillet, n’enregistraient que 12% de taux d’occupation… mais ils ont fini l’été à 80%. Actuellement, la plupart des professionnels savent donc qu’ils seront remplis en juillet et en août. Des opérateurs comme Gîtes de France, ou les locations en ligne, enregistrent des chiffres records. Ils ne pratiquent pas de baisse de prix, même s’il reste des incertitudes, sur les clubs enfants, les piscines couvertes… Les protocoles ne sont pas encore établis.

La bonne nouvelle, c’est que les clientèles retournent vers les hébergements marchands, après des séjours plus familiaux en 2020. Elles reprennent aussi le chemin du littoral et des stations balnéaires, alors que l’an dernier les séjours s’étaient plus portés vers la campagne et la montagne.

La question du personnel

Les professionnels sont confrontés cependant à un problème de recrutement. 100 000 personnes ont changé de métier ; se pose aussi le problème du logement des saisonniers. La majorité des professionnels sont dans l’incapacité de trouver l’intégralité de leur personnel. C’est un problème pour la réouverture, à court terme ; mais à moyen terme, comment sera le niveau de service cet été, avec moins de personnel et un afflux de clients considérables ? Cela pose la question de la formation, de l’attractivité de ces métiers.

Il faut s’interroger également sur le modèle de l’économie grise : des non-professionnels qui accueillent les touristes et gèrent des hébergements, alors que ceux qui respectent les règles, qui investissent, qui contribuent à l’économie locale, subissent les coûts et les charges.