Un vrai changement s’est opéré dans le secteur du “all inclusive” qui n’est plus réservé aujourd’hui à l’entrée de gamme. Il est réinvesti par le haut de gamme, avec des prestations plus qualitatives et une image renouvelée. Découvrez les dernières tendances des « séjours tout inclus »

Les formules « all inclusive » séduisent de plus en plus de vacanciers

Depuis plusieurs années, les formules réunissant plusieurs prestations connaissent un regain de popularité, notamment dans le haut de gamme. L’hôtellerie a largement investi le créneau. Le retour en grâce s’est opéré il y a déjà quelques années, mais la tendance se confirme : les formules « all inclusive » séduisent de plus en plus de vacanciers.

La croissance est constante depuis le Covid, et ce type de formule représente déjà 30 % des volumes.
« On s’attend à voir cette part grimper à 35 % », illustre Guirec Le Morvan, directeur de Voyages E.Leclerc.
Longtemps, ce segment est resté cantonné aux offres d’entrée de gamme, notamment vers les destinations susceptibles d’attirer de gros volumes de clients, comme la Tunisie. Le modèle consiste à acheter un grand nombre de billets d’avion et de chambres d’hôtels permettant aux agences de voyage et distributeurs de proposer des prix abordables. Le Printemps arabe, mais aussi la médiocrité de certaines prestations, ont quelque peu dégradé l’image des formules « all inclusive ».

Il y a eu un creux sur l’entrée de gamme, mais cela a tendance à repartir. Il y a évidemment une problématique de pouvoir d’achat, accentué par la forte inflation dans le tourisme et l’aérien ces dernières années.

Le concept du « tout inclus » a aussi été réhabilité par le haut de gamme, résume Didier Arino, directeur général du cabinet Protourisme.

Les piliers du « all inclusive »

En parallèle, des offres premium se sont en effet développées. La clientèle haut de gamme se laisse désormais séduire par un modèle qui lui permet de se libérer de certaines contraintes lors de la réservation, et de jouir d’une totale liberté sur place.

On pense évidemment au Club Med, pionnier du genre, dont la montée en gamme s’est faite sans rogner sur le principe du tout inclus. « Nous avons fait évoluer le modèle, même si des piliers ont perduré », souligne Clémence Benteux, responsable marketing produit au sein de l’entreprise. Le buffet est resté, mais le service à table s’est développé. L’encadrement des enfants, les mini-clubs, les forfaits et cours de ski à la montagne se sont ajoutés. Le groupe, qui accueille désormais une clientèle largement internationale, s’emploie à évaluer l’intérêt de chaque marché pour le « tout compris ». Il en ressort que la clientèle turque est de plus en plus conquise par le modèle, quand les Français, les Belges et les Britanniques y ont déjà adhéré.

Avantages pour les opérateurs

Du côté de Belambra, on profite à plein de cet engouement pour le tout inclus, au coeur de la stratégie du groupe. « Quel que soit le niveau de gamme, il y a une sensibilité au prix. Et dans un marché très inflationniste, cela permet de ne pas avoir de mauvaise surprise. Mais nos clients viennent aussi chercher la praticité de l’expérience, avec tous les services sur place », indique son président Alexis Gardy.
D’un point de vue opérationnel, « ce que le client nous demande, c’est une expérience avec beaucoup de services et de ressources, y compris humaines. C’est difficile de l’appréhender sur un prix access », relève le dirigeant. Mieux vaut donc connaître parfaitement sa clientèle, pour gérer ses stocks et les besoins en personnel.

Pour les opérateurs, le modèle possède des avantages, parmi lesquels « la prédictibilité des ventes, qui nous permet sans problème de faire face aux demandes des clients », selon Thibault Vasseur, directeur produit, services et digital des resorts Europe-Afrique au Club Med. Le buffet est ajusté en fonction des nationalités, les activités en fonction de la proportion d’adultes et d’enfants, etc.

Accor veut doubler son nombre de resorts tout inclus

Cette possibilité d’anticiper a également été identifiée par l’hôtellerie traditionnelle, qui se tourne de plus en plus vers le all inclusive.
L’enseigne Maisons de Campagne y est naturellement venue. « Par rapport à une formule classique, on optimise notre chiffre d’affaires. Car on sait que le client va venir passer la nuit, prendre le petit-déjeuner et manger au restaurant de l’hôtel », souligne Matthieu Evrard, qui dirige le groupe Les Hôtels Particuliers.
Seul inconvénient : « le prix facial, qui paraît cher et peut parfois susciter l’incompréhension ».

Les grandes chaînes hôtelières ont également investi le créneau.
Chez Accor, via sa filiale Ennismore, plus de 60 resorts All Inclusive sont ouverts ou en projet dans le monde – un chiffre que le groupe entend doubler d’ici à 2030. « Le modèle tout compris augmente sensiblement la rentabilité en rationalisant les opérations, en améliorant les taux d’occupation grâce à des offres packagées », relève Gaurav Bhushan, co-directeur général d’Ennismore. « Il s’agit d’une activité très prévisible puisque les réservations sont effectuées bien à l’avance, confirmées et payées, comme pour les compagnies de croisière. Ces resorts sont aussi de très grands établissements. Ainsi, l’absorption des coûts est plus importante par chambre », poursuit-il.

Les hôteliers américains à l’offensive

Chez Marriott, leader mondial de l’hôtellerie, la tendance est similaire. « On observe une demande claire et croissante pour des expériences tout compris haut de gamme et de luxe à l’échelle mondiale. En Europe en particulier, la tendance est marquée. Les clients du segment luxe recherchent avant tout la simplicité – des expériences de voyage sans effort et sans tracas », résume Jerome Briet, en charge du développement pour l’Europe et le Moyen-Orient. « Nous développons activement notre portefeuille all inclusive. Nous voyons un fort potentiel en Europe, au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie. »

L’américain Hyatt fait également partie des plus offensifs sur ce segment, avec 150 établissements, dont 50 en Europe. « La France est l’un de nos marchés les plus stratégiques, avec une forte demande de complexes hôteliers et de clubs haut de gamme adaptés aux voyageurs français. Notre part de marché est passée de 4 % en 2023 à 5 % en 2024, et nous prévoyons d’atteindre 6 % en 2025 », se félicite Manuel Melenchon en charge de l’Europe du Sud, l’Afrique et le Moyen-Orient. Le groupe anticipe d’ailleurs une forte demande pour le tourisme d’affaires sur le segment all inclusive.

Source : Les Echos, article du 20 juin 2025