Depuis la fin de la crise sanitaire, pas une semaine ne se passe sans qu’on parle à chaque vacances scolaire de surfréquentation touristique. Bien qu’elle soit limitée dans le temps et dans l’espace, cette tendance s’inscrit de plus en plus dans l’esprit des habitants et acteurs locaux sans que celle-ci soit toujours avérée. Les difficultés que rencontrent actuellement les secteurs du logement et de la mobilité en France cristallisent bien souvent les tensions autour du tourisme, entrainant parfois un rejet de la part des habitants. Et pourtant, le tourisme est une activité économique essentielle pour les territoires, et pas seulement pour les destinations touristiques. C’est pourquoi notre cabinet a fait de la gestion des flux touristiques et des pics de fréquentation son cheval de bataille en proposant aux territoires que nous accompagnons une méthodologie éprouvée et des solutions concrètes afin de réconcilier touristes et habitants, tourisme et préservation de l’environnement.

1. Observer, mesurer, objectiver

Ressenti ou réalité objective ? Quand on parle de fréquentation touristique, il est essentiel de distinguer tourisme et excursionnisme. Si le tourisme reste finalement relativement stable dans la plupart des destinations touristiques depuis 15 ans, la tendance est toute autre en ce qui concerne l’excursionnisme qui a explosé avec le tourisme de proximité (post covid) et l’inflation depuis 2022. La crise sanitaire a également entrainé un exode d’urbains et de jeunes retraités vers des territoires qui ont vu leur population résidentielle augmenter.

Il est donc essentiel de qualifier, de savoir qui fréquente les plages, les sentiers de randonnée, les montagnes, les lacs et les rivières, les villes, les sites culturels, etc…. C’est le point de départ de toute stratégie de gestion des flux touristiques > qui vient sur le territoire ? à quel moment ? pourquoi ? sont-ils satisfaits ? Il existe de nombreuses méthodes complémentaires pour le savoir :

  • Quantitatives : éco-compteurs, photos aériennes, données de la téléphonie mobile…. combinées à des données météorologiques et calendaires
  • Qualitatives : observation de terrain avec rapport photographique jour par jour, heure par heure, entretiens individuels, enquête de perception semi-dirigée, etc…

Si cette fréquentation est en effet en surchauffe sur certaines destinations touristiques à certaines périodes de l’année (Mont St Michel, Etretat, Calanques de Marseilles, Ile de Porquerolles, île de Bréhat…..), le qualificatif de « surtourisme » n’est pas toujours pertinent. On oppose alors systématiquement touristes et habitants sans considérer le problème dans sa globalité (habitat, emploi, mobilité….). Pourtant, c’est en ayant une radioscopie précise de la fréquentation des sites touristiques (visiteurs, habitants, résidents secondaires, excursionnistes) que les territoires peuvent mettre en place des stratégies efficaces d’aménagement des territoires et de développement économique dans une logique de tourisme durable qui profite à tous.

Parmi les missions que nous menons actuellement pour mesurer la fréquentation touristique, on peut citer l’île d’Arz dans le Golfe du Morbihan. Mandatée par la région Bretagne, notre agence de Vannes observe à raison de 5 jours par mois (semaine et week-end) de juin à septembre les flux sur la cale de Béluré. L’objectif est de mesurer, qualifier et observer les flux afin de garantir une harmonie d’usages en pleine saison touristique. Si cette fréquentation semble en effet problématique au cœur de la saison estivale (1ère quinzaine d’août essentiellement et quelques ponts en avant-saison) et à quelques heures de la journée, nous ne constatons pas de surfréquentation.

2. Gérer les flux

Nous considérons qu’il n’y a pas de surtourisme s’il y a une bonne gestion des flux en amont et pendant le séjour. Ne pas préserver les sites touristiques d’une surfréquentation revient à scier la branche de l’arbre sur laquelle les territoires sont assis. Si le tourisme est une activité économique majeure, pourvoyeuse d’emplois directs et indirects qu’il faut préserver de toute cabale, il appartient aux acteurs du tourisme de prendre des mesures concrètes de gestion, voire de régulation.

Plusieurs moyens peuvent être cités :

  • Adapter sa promotion touristique en amont. Cela consiste par exemple à consacrer le budget promotion touristique aux ailes de saison plutôt qu’au cœur de saison (cf la Corse) ou à valoriser davantage les sites secondaires. Certains territoires n’hésitent pas à faire du démarketing (cf Dunes du Pilat).
  • Sensibiliser, informer, communiquer sur place > la grande majorité des visiteurs ont des comportements inadaptés par manque de connaissance et d’information. Une sensibilisation des usagers se révèle souvent très efficace. Informer plutôt qu’interdire, faire de la pédagogie plutôt que de la répression. C’est ce qu’a choisi de faire le Grand site de France Dunes sauvages de Gâvres à Quiberon par ex en missionnant des étudiants en juillet août pour expliquer les raisons de ne pas aller dans les dunes. Le GIP Littoral Nouvelle Aquitaine a par exemple mis en place un  affichage du stationnement en amont de la presqu’île de Lège-Cap Ferret afin d’éviter les bouchons, et donc une expérience client négative.
  • Organiser pour une harmonie d’usages > reculer les stationnements, aménager des pistes cyclables, mettre en place des réservations on line (cf Calanques de Marseilles)…. autant d’actions concrètes qui permettent d’éviter les conflits d’usages. Ainsi, la Communauté de communes Auray Quiberon Terre atlantique (dans le Morbihan) a mis en place avec les communes littorales un zonage pour garantir une harmonie d’usage l’été entre baigneurs et activités nautiques (surf, kite surf, char à voile…) grâce à une signalétique mobile sur la plage, un zonage précis avec des zones tampons.
  • Définir une capacité de charge ; seuil au-delà duquel la fréquentation n’est plus acceptable pour les milieux et les visiteurs, impactant alors négativement l’expérience client. Le Parc marin naturel du Cap Corse et de l’Agriate nous a ainsi mandaté pour définir un niveau de capacité de charge qui permet de préserver ce site naturel fragile. Il ne suffit pas de se baser sur les données quantitatives de fréquentation ou environnementales pour définir ce seuil ; il faut également prendre en compte les paramètres sociologiques, économiques et politiques. Nous proposons une méthodologie 360° avec des partenaires scientifiques.

3. Oeuvrer pour l’acceptabilité du tourisme

Observer, mesurer et gérer si nécessaire en établissant des quotas, en organisant les flux est la garantie d’un tourisme durable qui profite à tous. Il est primordial de ne pas opposer tourisme et environnement, tourisme et habitant car l’un et l’autre peuvent se développer conjointement en parfaite harmonie pour une bonne dynamique locale. Sortir du ressenti, avoir une vision éclairée de la réalité, œuvrer pour un tourisme qui soit en accord avec les valeurs locales…. Tous ces éléments sont au cœur de nos conseils stratégiques. Trouver des solutions adaptées et proportionnées à chaque problématique, à chaque territoire est notre crédo :

  • Problème d’habitat > possibilité de réguler les meublés de tourisme avec différents niveaux de contraintes pour les propriétaires. Jusqu’où les communes doivent-elles mettre le curseur dans la limitation des locations saisonnières, qui représente pour les habitants parfois des revenus substantiels ? Pas simple…. C’est pourquoi nous avons accompagné la commune de Dieppe (Normandie) et accompagnons actuellement la Communauté de communes de Belle-ile-en-mer (Bretagne) dans la définition de ces mesures, forcément contestée par les propriétaires. Il ne suffit pas de prendre un arrêté municipal pour que le problème soit réglé. Les recours en justice sont nombreux et la jurisprudence récente. Une approche 360° est fortement requise.
  • Excursionnisme ou tourisme ? > les habitants sont souvent les 1ers consommateurs de leur territoire. Avec l’essor du tourisme de proximité et les problèmes de pouvoir d’achat actuels, les excursionnistes sont en forte augmentation sur les territoires. On parle beaucoup dans les médias de la hausse de fréquentation touristique en Bretagne par ex mais dans les faits, cette fréquentation est relativement stable depuis 20 ans (+7%) ; en revanche, la part des excursionnistes (personnes venant à la journée) a augmenté de plus de 20% depuis 2016 !
  • Des campagnes de communication à destination des habitants > le tourisme est une économie majeure pour les territoires (emploi direct et indirect). C’est pourquoi certaines destinations n’hésitent pas à consacrer leur budget communication aux habitants afin de les sensibiliser sur l’importance d’être accueillants, hospitaliers et bienveillants. Les visiteurs, français et étrangers, sont particulièrement sensibles à la qualité de l’accueil. La concurrence entre destinations touristiques est rude… attention à ne pas perdre des parts de marché de manière irréversible en étant hostile au tourisme (quand le surtourisme n’est pas avéré, naturellement).

N’hésitez pas à faire appel à nous pour intégrer un volet gestion des flux touristiques dans vos stratégies touristiques territoriales ou pour un site naturel ou patrimonial en particulier. Nous imaginons des solutions sur mesure pour chaque site et destination car aucun écosystème ne se ressemble.

Contacts : vannes@protourisme.com ou idf@protourisme.com