Pour accompagner les acteurs, IFTM, le plus grand salon BtoB du tourisme, vient de lancer ses ateliers, entièrement digitaux. Didier Arino était invité de cette première table ronde consacrée à la reprise en 2021 et au tourisme de demain.

Le tourisme au bord du précipice ?

En France, le secteur alimente directement ou indirectement 4 millions d’emplois. 300 à 500 000 emplois sont ainsi directement menacés quand les aides gouvernementales s’arrêteront.

C’est pourquoi nous préconisons une réduction de charges patronales, par exemple : -90% en 2021, -60% en 2022, -30% en 2023 pour sauvegarder l’emploi, tout en concentrant les efforts sur les entreprises viables.

L’Etat a versé 10 milliards d’euros aux entreprises via le PGE, mais cette aide pourrait être en réalité une bombe à retardement. Il s’agit d’un prêt qu’il va falloir rembourser, alors que la reprise s’annonce relativement lente. Les entreprises touristiques, fragilisées, vont devoir rembourser une charge supplémentaire, avec des marges toujours faibles. Des questions se posent pour les restaurateurs, particulièrement touchés, mais aussi pour les agences de voyages. Dans cette filière, en plus du PGE à rembourser vont s’ajouter tous les avoirs et reports enregistrés en 2020.

Rappelons qu’en termes de chiffre d’affaires, le secteur du tourisme a perdu 70 à 80 milliards d’euros sur l’année. Au-delà des acteurs du tourisme, c’est l’ensemble de l’écosystème qui souffre : fournisseurs et prestataires de services à destination des hébergeurs, des restaurateurs, viticulteurs… ou même petits commerces dans bon nombre de destinations rurales.

Si l’on doit trouver un bon côté à cette crise, c’est bien de mettre en lumière à quel point le tourisme est important dans notre économie, à quel point il dynamise les territoires.


Demain, quelle reprise ?

La reprise du tourisme est complètement corrélée à la situation sanitaire. Les voyageurs n’ont pas renoncé à leur envie de découverte et de rencontre, mais sont confrontés aux contraintes sanitaires et aux mesures des gouvernements pour contenir l’épidémie.

Sur l’agrément, la reprise est certaine, c’est une question de temps.

La destination France a l’opportunité de créer un tourisme responsable, exemplaire. L’objectif est que le tourisme crée davantage de retombées sociales et économiques, et de plaisir partagé. Cela suppose une politique active et bien raisonnée, capable de relever 2 grands défis :

  • se différencier, au-delà de nos beaux paysages, en s’appuyant sur l’identité des territoires, sur les habitants, sur la culture, sur le partage des savoir-faire et des savoir-être.
  • proposer une offre qualitative, avec une démultiplication des thématisations, une structuration des filières.

Il faut construire un tourisme populaire et non un tourisme de masse comme il continuera à exister ailleurs. Populaire, ça signifie permettre au plus grand nombre de partir en vacances, et alimenter les destinations avec des clientèles diversifiées en évitant la dépendance à une « mono clientèle ».