Jean-Baptiste Djebbari, secrétaire d’Etat chargé des Transports, conseille aux Français la plus grande prudence sur la préparation de leurs voyages, car la situation aujourd’hui est encore trop incertaine. Réaction de Didier Arino.

Je constate une confusion dans le discours gouvernemental.

Nous avons Jean-Baptiste Lemoyne, qui a pris conscience de l’importance de cette saison estivale pour les acteurs du tourisme. Les 17 millions d’étrangers qui étaient venus en France au cours de l’été dernier, ne viendront bien évidemment pas cette année. A l’inverse, les 9 millions de Français qui étaient partis à l’étranger la saison dernière, resteront cet été dans l’Hexagone. C’est une clientèle sur laquelle comptent les acteurs du tourisme.

Donc d’un côté nous avons le secrétaire d’Etat au tourisme qui dit que c’est très important et de l’autre nous avons le secrétaire d’Etat chargé des Transports qui déconseille aux Français de réserver leurs vacances. S’il s’agit des vacances à l’étranger des Français ça peut se comprendre compte-tenu des difficultés pour revenir en France rapidement. En revanche, si c’est pour déconseiller à nos concitoyens de prendre des vacances et de venir sur le littoral, dans les destinations de villégiature, c’est inquiétant. D’autant plus que les acteurs du tourisme demandent au gouvernement non pas la date d’ouverture de leurs établissements, mais à minima de savoir qu’ils ne pourront pas ouvrir leurs établissements avant telle date. Cela signifie aujourd’hui que les professionnels du tourisme sont obligés quinzaine après quinzaine de décaler les séjours, que 50 000 saisonniers sont en attente d’embauche (et certaines seront annulées) et que les 2 millions de personnes qui travaillent dans le tourisme sont dans l’attente de ces décisions. 

Pour le printemps, ça sera une perte entre 30 et 40 milliards d’€ pour le secteur du tourisme. Pour juillet-août, si la situation ne s’améliore pas et qu’il y a une interdiction d’ouvrir les campings, les villages-vacances, c’est une perte qui pourrait dépasser les 40 milliards d’euros. 

Il faut aussi avoir conscience du besoin de nos concitoyens de partir en vacances, bien évidemment dans un cadre de sécurité sanitaire. Les réservations sont plutôt bonnes en juillet-août, avec des intentions de départ qui étaient en hausse. Quand on prend l’exemple de l’Asie, les établissements vont rouvrir la semaine prochaine avec des règles claires. Nous savons que nous ne pourrons pas compter cette année sur la clientèle étrangère. En France nous avons une opportunité extraordinaire d’avoir un marché domestique qui représente 75 % de la fréquentation en été. Nos concitoyens peuvent découvrir nos belles régions françaises.